Docteur Stéphane KEMNOE, physicien théoricien et vulgarisateur Scientifique

Nous sommes allés à la rencontre de Docteur Stéphane Kenmoe, physicien et vulgarisateur scientifique



1- Bonjour DOCTEUR Stéphane, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?


Je suis Stephane Kenmoe, chercheur camerounais. Je suis diplômé de l’université de Dschang à l’ouest du Cameroun où j’ai reçu un master en physique de la matière condensée. Je suis également titulaire du diplôme du centre international de physique théorique de Trieste en Italie dans la même spécialisation. Je détiens un PhD en physique obtenu a l’université de Bochum en Allemagne, ayant effectué les travaux de thèse à l’institut Max-Planck-Planck pour la recherche sur le fer à Duesseldorf dans le même pays. Je suis également vulgarisateur de science, une activité que je mène à travers l’écriture scientifique, la production cinématographique, l’animation scientifique sur les réseaux sociaux ou encore des shows télévisés


2- Pourriez-vous nous expliquer plus en détail votre travail ? 


Mes travaux de recherche portent sur l’étude des interactions entre les molécules d’eau et les surfaces solides en vue de produire de l’énergie grâce a l’electro, la thermo ou la photocatalyse. En d’autres termes les travaux portent sur l’utilisation des supports solides pour accélérer la production d’energie assistée par l'électricité, la température ou encore la lumiere du soleil.


3- Malgré votre poste en Allemagne, pourquoi accepter de venir œuvrer en Afrique? 


Notons que je suis contractuel à l’universite de duisburg-essen. Les positions permanentes se font de plus en plus rares peut être pour besoin de compétitivité et de productivité. Les chercheurs en général fonctionnent grâce à des financements qui peuvent se terminer ou ne pas etre renouvelés. Pour revenir à la question, j’ai pris la résolution d’oeuvrer en Afrique simplement parce que je veux etre un intellectuel africain, c’est à dire je veux mettre ce que j’ai appris au service de ma communauté. Sinon comment croyez vous que l’Afrique puisse rattraper son retard en science ?


4- En tant que chargé de communication de la société africaine de physique ... Que pensez-vous du niveau de la science en Afrique ?


Je crois qu’il y'a de bonnes compétences en Afrique. Ça et il y'a de très bons physiciens sur le continent. Mais ce qu’on peut déplorer c’est le manque de synergies entre les chercheurs. C’est pour cette raison qu’il a eu lieu en 2018, le meeting de renaissance de la société africaine de physique qui n'etait pas très active avant. Lors de ce meeting parrainé par le centre international de pysique, plusieurs physiciens africains d’afrique et du monde avaient été conviés et un bureau executif avait été mis sur pieds. Le bureau s’est fixé pour objectif de rassembler et d’accentuer la nucléation des reseaux de collaborations entre les physiciens africains. Une conférence de la société africaine de physique devait avoir lieu en novembre de cette année, mais fut repoussée à cause de la pandémie qui sevit actuellement. Un autre objectif sur le long terme et qui teint le bureau à coeur est la création d’une société de physique dans tous les pays d’afrique parce qu’il faut déjà dire que le continent n’en compte que neuf.  


5- Que pensez-vous que la vulgarisation scientifique peut apporter de nouveau à la science en Afrique ? 


Elle permet de bâtir une culture scientifique solide, socle véritable de tout développement scientifique et essor technologique.


6- Bon nombre de jeunes trouvent que la science ne nourrit pas son homme en Afrique et préfèrent se tourner vers d'autres secteurs d'activités .... Trouvez vous que cette affirmation est vraie ? Et pourquoi ? 


C’est un peu vrai parce qu’il y a pas assez de financements alloués à la recherche. Ce qui tue même l’enthousiasme de beaucoup et condamnent ceux qui s’accrochent à se contenter d’enseigner dans les universités. Ça dépend aussi de ce qu’on entend par nourir parce que je crois que les chercheurs sont au dessus de la moyenne sociale dans beaucoup de pays africains. Cette appréhension du statut du chercheur est dû au fait qu’en afrique on ne vit presque pas du salaire. Lorsque qu’on voit des gens moins qualifiés avec un train de vie élevé et qu’on pense aux heures passées au labo à effectuer une recherche qui servira dans 50 ans, on est tenté de rejoindre le monde des affaires et faire moins de place aux activités académiques, si ce n’est l’enseignement qui après des années devient une routine et ne demande pas d’efforts.


7- C'est rare de voir un scientifique de votre niveau utiliser les réseaux sociaux ou les sitcoms pour ces activités ; Qu'est ce qui vous motive personnellement ?


Il est revolu le temps ou les chercheurs se comportaient comme des rats de laboratoires. Je pense que c’est un devoir pour le chercheur de vulagriser les travaux de ses recherches. Dans les pays où ce sont les états qui paient les chercheurs avec l’argent du contribuable, comme la plupart des pays africains ça devrait même être une obligation. Ça le grand public ne le sait meme pas.


8- Votre nouvelle série "Science dans la cité" est inspiré de l'un de vos livres de vulgarisation scientifique ... Pouvez vous briefer en quelques minutes l'essence de votre livre ? 



Photo d'ensemble avec les acteurs de la série


C’est une fiction intitulée "La science illumine Ndjocka-City". Ndjocka vient du mot camerounais Ndjocka qui fait allusion à la fete. Dans la ville de Ndjocka-City où culminent alcoolisme, prostitution, sorcellerie, tabous, certains individus tres ingénieux se servent de la science pour subvenir à leurs besoins. Le tout dans un environement de suspicion, superstition et donc peu propice à la matérialisation des idees. Avec quelques amis et vedettes du cinema camerounais nous avons procédé a l’adapataion cinématographique du roman. Je tiens ici à profiter de la tribune que vous m’offrez pour les remercier: Michel Pouamo, Francis Kengne, Nadege Ngo Eone et les acteurs Martin Poulibe, Marie stephanie Adjonj, Noelle Kenmoe, Alain Bomo Bomo, Jean Claude Sutchou, Wilson Sobze, Regine Ngolondock, Eric Blandin Djeumi, Robert Epee Bell Bonny, Jean Manguele et tous les autres. Un cocktail de stars pour faire de la science la star. Je trouve, ça genial


9- Aujourd'hui, pensez vous qu'un scientifique africain peut vivre de la vulgarisation scientifique ?


Je ne pense pas. C’est encore difficile car la masse critique de personnes intéressées reellement par la science n’est pas encore atteinte. Vous pouvez vous même constater qu’un blogueur ou écrivain scientifique n’est pas assez suivi ou lu comme un activiste politique ou en encore un humoriste ou même un musicien. 


10- Avez vous d'autres-- projets ?


Je n’ai qu’un seul: faire de la science, la star en afrique. C’est meme un impératif car le continent a plus besoin de science que de divertissement. 


11- Qu'est-ce que vous pensez de l'initiative Afrogenius ?


Une belle plateforme, tres ambitieuse et qui à mon avis fait un tres bon travail. Tout peuple qui veut se developper dans un domaine a toujours besoin de références pour inspirer les plus jeunes. On en a déjà assez dans le sport et afrogenius fait bien de mettre en lumiere les icônes de science. S’il m'était permis de donner un conseil ce serait de beaucoup faire de vérifications de faits car les charlatans et imposteurs existent aussi en science. Et pour le moment l’afrique a besoin de vraies références pour bien prendre son envol.


Crédit photo : ©UDE/B.Engel-Albustin